Témoignage sur la pauvreté

C’est en ouvrant ma Bible que je demandais une réponse…

CharlesdeF

      J’étais au grand séminaire quand j’ai découvert la figure du bienheureux Charles de Foucauld qui n’était pas encore béatifié à ce moment là. A la lecture de sa biographie, j’étais profondément interpellé par son témoignage, en particulier par sa recherche de la pauvreté. «Mon Seigneur Jésus, comme il sera vite pauvre celui qui, vous aimant de tout son cœur, ne pourra souffrir d’être plus riche que son Bien-Aimé… »  Pour lui la pauvreté se traduisait aussi par une proximité avec les plus pauvres, par une existence partagée avec eux. Les plus pauvres seront aussi, à ses yeux, ceux qui n’ont pas encore rencontré le Christ et il ira s’enfoncer dans le désert du Hoggar là où jamais la messe n’avait été célébrée : il désirait tellement rendre présent le Christ Jésus de cette manière et lui permettre de rayonner ainsi sur ses amis Touaregs.

Je m’interrogeai à un certain moment sur une entrée possible chez les Petits Frères de Jésus, les disciples du Frère Charles de Jésus. Pour en avoir le cœur net, alors que cette question continuait de me poursuivre, je demandais au Seigneur de bien vouloir m’éclairer dans la prière. Et puisque quelque temps auparavant j’avais aussi découvert le Renouveau, c’est en ouvrant ma Bible que je demandais une réponse. Dans ma tête les passages de l’Ecriture ne manquaient pas qui pourraient venir me confirmer dans cette orientation d’une vie plus marquée par la pauvreté comme Mt 19,21 « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. », Luc 6,20 : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. » ou Mt 10, 8-10 : « Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. Ne vous procurez ni or ni argent, ni monnaie de cuivre à mettre dans vos ceintures, ni sac pour la route, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton. »

BibleJ’allais être éclairé par la Parole de Dieu mais d’une toute autre manière que ce que j’avais prévu. Le passage qui me tomba sous les yeux était en effet celui-ci : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera » Luc 9,23-24.

            Je comprenais alors que la première des pauvretés à rechercher était le renoncement à sa volonté propre : « renoncer à soi-même… perdre sa vie ». Et si effectivement je commençais à m’engager sur ce chemin, la pauvreté plus matérielle en deviendrait simplement une conséquence logique. Cette Parole de Jésus en St Luc m’a été redonnée bien des fois tout au long de mon cheminement me rappelant toujours cette attitude fondamentale si difficile à vivre.

Mon tempérament naturel m’aurait peut-être poussé à vivre une pauvreté extérieure qui aurait pu me satisfaire encore que je ne sois pas dupe sur sa difficulté : la Parole de Dieu m’a contraint a entendre une exigence beaucoup plus radicale et qui ne me laisse pas en repos. Combien de fois suis-je obligé de revenir à ces paroles de Jésus : « Père, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mt 26,39). Je ne connais pas combat spirituel plus rude que celui-là tant l’attachement à moi-même demeure évident. Accepter cette réalité permet de me tourner plus résolument vers Jésus pour lui demander son secours lui qui « de riche qu’il était s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté » (2 Co 8,9)

Je ne connaissais pas alors St Augustin qui ne dit rien d’autre quand il affirme :  « Le pauvre de Dieu l’est dans l’âme, non dans la bourse » (En. in ps 132, 26) ou encore « O pauvre, sois pauvre, toi aussi ; pauvre, c’est-à-dire humble. Si le riche s’est fait humble, combien plus le pauvre doit-il être humble. Le pauvre n’a rien qui puisse l’enfler; le riche a à lutter contre ses richesses. Ecoute-moi donc : sois un vrai pauvre, sois pieux, sois humble.» (Sermon 14, 3-5). – C’est encore lui qui dit dans la Règle (§ 7):  « Quel avantage y a-t-il à faire des prodigalités envers les pauvres, et à devenir pauvre soi-même, si la pauvre âme devient orgueilleuse…».

Comme si souvent dans l’expérience spirituelle, le Seigneur donne bien mieux et plus que ce qu’on Lui demande ou ce que l’on attend de Lui. Il emmène plus loin que ce que l’on voudrait !

Frère Jean-Luc-Marie

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