Tout quitter pour Dieu… et renoncer au mariage

Le Seigneur ne pouvant se contenter d’un oui hésitant m’interpella d’une autre façon

JYM 1983A 17 ans un idéal se faisait jour en moi comprenant une double aspiration : l’élévation spirituelle en Dieu et le service des autres. Je ne pouvais envisager une vie dans un rythme métro-boulot-dodo. Dans cette logique le mariage ne m’a pas attiré. J’avais soif d’absolu. L’idée d’être prêtre germait doucement dans mon esprit.

Plusieurs expériences spirituelles ont été déterminantes : tout d’abord l’enracinement de ma foi au sein de d’une aumônerie de lycée à Nantes à travers la vie de prière et la vie fraternelle dans les rencontres hebdomadaires, les week-ends en abbaye et les camps en montagne. Puis vint l’expérience de l’effusion de l’Esprit-Saint au Foyer de Charité de La Roche d’Or (Besançon) où j’ai connu  pour la première fois et de façon sensible l’amour de Dieu remplissant mon cœur de paix, de joie dans une euphorie de bonheur.

Quelques mois plus tard ce fut la découverte des communautés nouvelles dans l’Eglise et la participation au rassemblement de Paray-le-Monial animé par la communauté de l’Emmanuel. La joie rayonnante des visages, l’expression libre de la louange, la splendeur de la liturgie, les prédications de feu m’ont fait m’écrier : “C’est ça l’Eglise !”. Au cours de ce rassemblement la Parole de Dieu est venue me rejoindre m’invitant à tout quitter, à tout vendre pour me mettre à la suite de Jésus. L’appel résonnait de façon radicale. Ce fut cependant un vrai combat : les liens de possessions matérielles entravaient mon oui au Seigneur pour le suivre.

Le Seigneur ne pouvant se contenter d’un oui hésitant m’interpella d’une autre façon, quelques semaines plus tard, au cours d’un voyage en Sicile avec des membres de l’aumônerie. Le Seigneur m’invita à me mettre au service. Sans hésiter cette fois, j’ai rivalisé dans le service avec les autres sans que ceux-ci ne le sachent, abandonnant mon égoïsme dans une écoute attentive de l’Esprit Saint. Plus je me donnais et plus une joie profonde m’envahissait, la louange naissait en mon cœur avec un immense désir d’aimer. A la fin du voyage, je fus tellement rempli de la présence du Seigneur que les biens matériels ne présentaient plus d’importance pour moi et il ne me fut pas difficile de m’en détacher.

Une autre fois en la Solennité de la Sainte Trinité en l’abbaye de Timadeuc (Morbihan 56), au cours d’un week-end avec des amis, nous avons entendu le témoignage du frère Louis-Marie sur la vie fraternelle. Son témoignage m’a tellement touché que je me suis demandé si je n’étais pas appelé à la vie monastique. Cela a suscité en moi quelques interrogations sur ma vocation : suis-je appelé à être prêtre ou à être moine ? Celles-ci furent vite dissipées lorsque mes pas m’emmenèrent dans une communauté renaissante en France, (communauté St Edme) qui alliait vie sacerdotale et vie fraternelle. Mais la providence divine avait un tout autre plan. La communauté Ste Edme fut dissoute et je fus conduit avec d’autres frères dont celui qui deviendra notre fondateur, le frère Hubert-Marie Chalmandrier, à contribuer à la fondation d’une communauté nouvelle comprenant la mixité des personnes et des états de vie.

Dès le début de notre vie commune le désir de partager la vie avec commune avec des sœurs et des laïcs s’est imposé à moi. L’expérience de l’aumônerie d’une part, le contexte social et culturel de la société d’autre part, ne pouvaient que favoriser ce choix. La mixité est constitutive de notre vocation : elle répond au besoin de connaissance de soi dans la découverte de l’autre différent sexuellement et au désir de partager des réalités de vie différentes dans une même communion fraternelle.

La communauté mixte est un signe eschatologique, prophétique, des relations de communion que nous vivrons au Ciel. Elle témoigne que hommes et femmes peuvent, tout en se découvrant différents, s’enrichir de leur différence et accueillir leur vocation et leur grâce propre sans rivalité, ni exclusion, ni confusion.

La vie consacrée, renoncement au mariage…

La vie à la fois consacrée et sacerdotale qui est la mienne nécessite le choix du célibat pour Dieu et implique nécessairement le renoncement au mariage.

PAMMar

Celui-ci n’a jamais été motivé par la peur d’un engagement professionnel, familial et social. Avant de mener le vie commune j’ai exercé un métier, j’ai participé de multiples façons à la vie sociale et associative.

Ce renoncement avait pour moi un point de départ positif : le désir absolu de Dieu et la consécration de moi-même au service des autres. Il ne m’a pas coûté : la construction d’une vie de famille nécessitant l’implication dans une vie professionnelle n’étant pas mon appel profond. Toutefois étant homme et normalement constitué, le désir de tendresse féminine surgit parfois à la surface de mon être. Il peut être par moment source de combat mais il sera toujours pour moi l’occasion de renouveler ma consécration et mon appartenance au Seigneur à travers le vœu de chasteté en m’appuyant sur Sa fidélité.

La présence de couples dans la communauté est un bon garde-fou pour la vie consacrée en mixité que nous menons. Celle-ci ne pourrait être possible sans eux comme nous l’a fait comprendre un religieux spécialiste de la vie consacrée.

Les couples m’ont permis de découvrir la beauté du mystère qui enveloppe la vocation à la vie conjugale et familiale. Loin d’en faire un sujet de mépris pour éviter d’être séduit et me préserver, l’approfondissement de cette vocation à travers le contact des couples, le dialogue avec eux, leur présence, m’a renvoyé à ma propre vocation de frère consacré. Personnellement j’ai bénéficié de façon épisodique de la grâce de maternité spirituelle de quelques mères de famille par rapport à mon sacerdoce grâce à leurs prières, paroles prophétiques, et conseils.

Je peux dire encore que le témoignage et la proximité de nos frères et soeurs mariés, m’ont été très utile pour le ministère de prêtre notamment dans l’accompagnement de fiancés au mariage et parfois de couples déjà mariés.

Je ne peux que rendre grâce au Seigneur de l’appel qu’il m’a fait entendre en complémentarité avec toutes ces belles vocations diverses et variées dans l’Eglise qui sont autant d’expressions de ce qu’est Dieu en lui-même, reflet multiforme de sa communion trinitaire.

Frère Jean-Yves-Marie

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