Témoignage de Sœur Thérèse-Emmanuel pour son jubilé

« Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes, puis viens, suis-moi »

A la recherche d’un trésor

25 ans d’engagements dans la communauté de la Croix Glorieuse… que d’événements ! En hébreu, le mot « événement » se dit « dabar », mot employé également pour désigner la « Parole ». Dieu nous parle par les événements, et les paroles qu’il me donne ce soir sont avant tout une immense action de grâce pour sa présence, son amour, sa patience…

TE11

Une question fréquente : « ma sœur quel est le nom de votre congrégation ? au nom de « croix glorieuse », les visages s’allongent, les yeux s’arrondissent… souvent, il faut répéter … ces 2 mots provoquent étonnement, curiosité, ou hochement de tête… Quand le Seigneur appelle, il inspire aussi le nom, et il donne peu à peu la grâce de le découvrir, et de le vivre…

La croix ? un souvenir chez mes grand- parents : une imposante photo de ste Thérèse de Lisieux, avec sa croix et ses roses. Loin de m’attirer, elle me faisait plutôt fuir ! La croix m’inspirait effroi, incompréhension sacrifices… je lui préférais le calendrier des missions : l’Afrique, l’aventure…

Effectivement, le rêve africain se concrétisera d’abord : c’est la joie des chrétiens qui me marquera ; là-bas, la Messe, c’est la fête !!.. On m’a proposé de rester : j’ai bien failli accepter… mais quelque chose en moi me poussaità rentrer en France ! Seigneur, toi, tu savais …

De retour, tu m’as fait rencontrer des jeunes pétillants de vie malgré leur handicap : là aussi se vivait la joie. Dans la souffrance, quelle belle leçon de vie ! C’est là, que le Seigneur me placera sur le chemin de ce petit groupe en recherche d’une vie communautaire. Un jour, on me propose de prier pour moi : ce fut très court, mais il y eut un avant et un après ! Joie extraordinaire, goût de lire la Parole de Dieu, cœur amoureux…mais oui : Dieu est Joie !

« Le Royaume est semblable à un trésor caché dans un champ… » Mt 13, 44

« Car où est votre trésor, là aussi est votre cœur » Lc 6, 34

« Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes, puis viens, suis-moi » Mt 19

Et me voilà poussée de manière irrésistible vers un projet… fou ! Commençant à entrevoir où est le trésor véritable, je vais répondre à ce « tout » en lâchant un métier passionnant pour partir vers une terre inconnue… Il fallait être « gonflée » … à l’Esprit Saint ! ( il est vrai qu’il ne manque pas d’air…). Tout d’abord vers Le Chesnay où les premières futures sœurs vont commencer une vie commune tandis que les frères partaient pour Perpignan. Je passe sur les merveilles de ta divine Providence, Seigneur, donnant logement et travail…

C’est alors que je fis la connaissance de sainte Thérèse, lors d’une nuit de désert au Carmel de St Germain en Laye, en tombant par hasard sur un livre intitulé « Les mains vides »… La petite voie ? Une perle du trésor que je cherchais. Thérèse descendra dans la valise des sœurs lors du départ dans l’extrême sud. Nous en reparlerons…

Puis ce fut l’arrivée à Perpignan. Il nous a fallu la force, la folie de l’Esprit Saint, ou diront certains, une belle dose d’inconscience pour nous lancer dans ce qui allait être une grande aventure. Car on ne démarre pas une communauté « clés en mains ». Les débuts furent à la fois très complexes ( il y avait tout à penser, inventer, mettre en œuvre) et débordants d’enthousiasme. Nos yeux voyaient l’action de Dieu : Providence, guérisons, conversions…)

Quant au nom de la Communauté, reçu après quelques années : Croix Glorieuse, (que des gens appelaient « la croix joyeuse ») il me semble que, malgré les nombreux obstacles et difficultés diverses rencontrés, nous avons plutôt découvert d’abord le côté gloire par les merveilles du Seigneur dans notre vie d’aventures !… Le Seigneur est grand pédagogue…

Mais la vie communautaire, imaginée, rêvée de l’extérieur comme un confortable cocon, n’est pas un long fleuve tranquille : en effet, nous ne nous sommes pas choisis, « Jésus n’appelle pas ceux qui en sont dignes, mais ceux qu’il lui plaît » disait Thérèse, mais avec l’appel, qui est discerné, le Seigneur donne la grâce…

TE21Et un jour, comme dans toute vie humaine, arrive l’heure de l’épreuve. L’heure où l’inimaginable se présente, où tout semble s’écrouler… C’est l’heure de la croix, parce que la vie chrétienne, qui plus est engagée à la suite du Seigneur, conduit à une configuration au Christ, et que lui-même nous a montré le chemin, il n’a pas refusé la croix. Jésus ne s’est pas défendu, il a aimé jusqu’au bout, dans la confiance totale au Père.

Ph2 : « Lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu. Quelle majesté ! Mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur, devenu semblable aux hommes et reconnu comme homme à son comportement. Il s’est abaissé lui-même jusqu’à la mort, et la mort sur une croix. » Quel abaissement !… Le Christ s’est abaissé : voilà, chrétien, ce qui est à ta disposition » St Augustin

Thérèse rejoint la même invitation : « Il ne s’agit pas d’entreprendre l’ascension de la montagne de la perfection, mais de descendre dans la vallée de l’humilité, des humiliations ».

Dans les moments les plus sombres de nos vies, toi, Seigneur, tu es là… c’est l’heure avant tout de la prière, d’une relation plus intense avec toi … ô la richesse des Psaumes !

« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi » Ps 22
« Moi, je prends appui sur ton amour » Ps 12

« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage » Ps 26

Seigneur, tu n’abandonnes pas le coeur qui te fait confiance, tu donnes la paix, et une espérance inébranlable… car ô paradoxe de la vie chrétienne, c’est de la croix que jaillira la vie ! Seigneur, tu ne veux pas le mal, mais ton amour a la puissance de se servir de ce qui, à nos yeux, est un mal pour y accomplir ta volonté qui, elle, est bonne. Il ne s’agit pas d’aimer la souffrance, mais de t’aimer, toi qui nous as aimés jusqu’à la croix !

Le « tout » du premier appel prend une autre dimension. Car « Tout est grâce » nous affirme Thérèse, car « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » proclame Paul (Rm 8, 28).

A ta suite Jésus, de notre « oui » dans l’épreuve jaillit la vie. Seigneur, tu nous as créés pour l’amour, pour une communion d’amour. Les épreuves de nos vies, qu’elles soient grandes, ou simples piqûres d’épingles, y contribuent en nous poussant à nous donner jusqu’au bout, gratuitement, comme toi, tu l’as fait pour nous. Béni sois-tu ô Christ, par ton amour, le lieu de la souffrance est transformé en jaillissement de vie, la croix est glorieuse… Christ est vivant ! et le plus beau témoignage à lui porter n’est-il pas la joie ! Croix glorieusejoyeuse ? Serait-ce une invitation à témoigner par cette joie que les contradictions, les épreuves vécues avec toi, en toi sont source de vie, font grandir l’amour ? car il suffit d’AIMER .

 

Sr Thérèse-Emmanuel

 

Laisser un commentaire

Retour en haut