Préparer, hâter, anticiper le Royaume de Dieu !

Cette plénitude n’est pas encore là. Et nous l’attendons et la désirons.

Maranatha ! Ne tarde plus !

Ma première rencontre avec la Communauté de la Croix Glorieuse, alors en genèse (il n’y avait que des frères à Rueil-Malmaison, c’était en 1982), a été la célébration des Vigiles du 33ème dimanche du Temps Ordinaire, un dimanche où la prière de l’Église se fait pressante, reprenant les derniers mots de l’Apocalypse : Marana Tha, viens Seigneur Jésus. À cette époque, le Seigneur m’avait déjà fait entendre son appel à la vie consacrée, mais je ne savais pas où il m’attendait. D’ailleurs, « il y a bien le temps », pensais-je, car je n’avais pas encore 18 ans. Mais voilà que ce chant a retenti en moi comme une urgence, et m’a habité comme une prière incessante pendant quelques jours : « viens Seigneur Jésus … », et « viens tout de suite… ! ». Le Seigneur n’a pas vraiment entendu cette prière, car il n’est pas venu dans sa gloire ! mais il est venu, tout de suite, dans ma vie, m’appeler à entrer dans l’aventure communautaire, pour préparer, hâter, anticiper la venue du Règne de Dieu. Car comme nous l’avons écrit dans nos statuts, les membres de la Communauté « cherchent par toute leur vie à anticiper le Règne de Dieu, à préparer et hâter son avènement ». Qu’en est-il pour une sœur de la communauté consacrée en vie commune ?

Père, que ton Règne vienne !

Vigiles

En nous apprenant à prier, Jésus nous a commandé de dire : Notre Père … que ton règne vienne. Comment prier sincèrement sans désirer être exaucé ? sans croire qu’on l’est ? La première manière de préparer et hâter l’avènement du Règne de Dieu, c’est bien de désirer et de demander sa venue ! bref, de prier. La prière communautaire et personnelle tient une grande place dans notre vie. La liturgie des heures remet plusieurs fois par jour cette demande. Mais au fait, que demandons-nous ?

Nos évangiles sont remplis de belles paraboles qui nous parlent de ce Règne de Dieu. En quelques mots, il s’agit du règne de l’Amour qui est Dieu ; du règne de notre Créateur qui nous a donné un monde si beau, parce que lui-même est la Beauté éternelle ; du règne de notre Sauveur, qui nous recrée jour après jour, jusqu’à ce que nous parvenions à la plénitude de l’Amour, à l’image de Jésus : Ce que nous serons ne paraît pas encore clairement,mais alors nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est (1 Jn 3, 2).

Cette plénitude n’est pas encore là. Et nous l’attendons et la désirons. Mais nous pouvons en goûter comme un avant-goût, autrement dit l’anticiper :

Anticiper le Règne de notre Dieu qui est amour (1 Jn 4, 8) par l’amour fraternel. Chaque fois que la communauté ressemble à ce que sera le ciel, où tous seront accueillis comme les enfants bien-aimés du Père, où les petits seront Rois, elle goûte et fait goûter à la saveur du Royaume des cieux. Chaque fois que d’un seul cœur, nous louons avec amour notre Seigneur, nous anticipons le Règne de Dieu, car notre vie (éternelle) au ciel se passera en louange. L’Apocalypse décrit la vie céleste comme une liturgie éternelle, dont celle de la terre est une image et une promesse. C’est pourquoi nous cherchons à ce que la liturgie soit à la fois belle et accueillante à tous : belle parce qu’au ciel, tout sera beau (même qu’il n’y aura plus de fausse note !) ; accueillante parce que le ciel n’est pas réservé à une élite, mais est destiné à tous les enfants de Dieu.

Goûter au moins à certains moments à la saveur du ciel éveille le désir du Règne de Dieu, et le fait croître. Et retentit alors l’appel à le préparer et à le hâter. Qu’est-ce à dire ?

Préparer la venue du Règne de Dieu… Jean-Baptiste a préparé la première venue de Jésus. Plus exactement, il a préparé ses contemporains à l’accueillir, sa mission était de préparer au Seigneur un peuple bien disposé (Lc 1, 17) De la même manière, la venue du règne de Dieu se prépare par l’annonce de la Bonne Nouvelle : le Seigneur vient ! Il s’agit d’annoncer ce Règne d’amour promis à tous, que beaucoup cherchent sans le savoir, assoiffés à deux pas de la source. Il s’agit aussi d’éveiller les cœurs à ce désir de Dieu qui seul peut combler les hommes.

Hâter la venue du Règne de Dieu

Parachute

Entre la première venue de Jésus que nous fêtons à Noël, et sa venue dans la Gloire que nous attendons, il y a, selon l’expression de saint Bernard, de multiples venues de Dieu dans notre vie. Le règne de Dieu que nous préparons et anticipons, est aussi au milieu de nous, au-dedans de nous (Lc 17, 21)! Nous hâtons sa venue par l’adhésion de notre cœur à la volonté du Seigneur, par la réponse d’amour que nous offrons à son amour. Nous hâtons sa venue en nous laissant transformer par lui, petit à petit, jusqu’à ce qu’il soit tout en nous ; et cela est vrai de chacun personnellement, et cela est vrai de la communauté. Nous hâtons sa venue en aidant ceux vers qui nous sommes envoyés à progresser dans leur vie chrétienne, en les accompagnant sur leur chemin de croissance jusqu’à la ressemblance avec Jésus. Bref, nous hâtons la venue du Seigneur quand la communauté se fait « école de vie dans le Seigneur ».

Quand nous sommes fidèles à notre vocation, la prière que Jésus nous a enseigné (Père, que ton Règne vienne) est sur nos lèvres, dans nos cœurs, et dans nos actes, faisant de notre vie en quelque sorte un Maranatha permanent. C’est sans doute ce que le Seigneur voulait me dire en ce 33ème dimanche du Temps Ordinaire de l’année 1982 ! Mais il me donne toute ma vie pour le comprendre avec mes frères et sœurs.

Sr Anne-Claire

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