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Fête de la Croix Glorieuse et jubilé des sœurs Thérèse-Emmanuel et Anne-Claire

Toulouse-12 septembre 2015

 Sœurs  Thérèse-Emmanuel et Anne-Claire, vous êtes les premières sœurs à avoir été consacrées au mystère de la Croix Glorieuse au sein de notre communauté.

Vous êtes en quelque sorte des pionnières. Il vous a bien fallu un petit grain de sainte folie pour vous inciter à vous donner au Christ en rejoignant une fraternité, composée alors uniquement de frères,  en ses commencements. Ces frères priaient en demandant au Seigneur des sœurs, et le Seigneur les a exaucés.

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Puis sont arrivés les premiers laïcs, transformant la fraternité en ce que l’on appelle depuis ces années-là une communauté nouvelle. C’est-à-dire une communauté associant dans une même vie communautaire des personnes baptisées de différents états de vie. Les années 70-80 du siècle passé ont été celles d’un grand bouillonnement charismatique, et le temps  de floraison de la plupart de ces communautés nouvelles, qui intriguaient par leur rayonnement et suscitaient la méfiance par leur mode de vie et leur annonce décomplexée de l’Evangile. Nous voici dans d’autres temps à fêter avec vous votre jubilé d’argent, en pleine année de la vie consacrée. C’est à l’occasion de cette année de la vie consacrée que le Pape  François a écrit une Lettre Apostolique à tous les consacrés, et il m’a semblé intéressant de méditer quelques instants avec vous , dans la Lumière de la Croix Glorieuse, sur les trois objectifs que le pape François a fixés aux consacrés pour cette année : -Regarder le passé avec reconnaissance-Vivre le présent avec passion-Embrasser l’avenir avec Espérance.

 

TE et AC          1-« Regarder le passé avec reconnaissance » : pour y voir, dit le Pape, « l’action de Dieu qui vous a appelées à traduire l’Evangile dans une forme particulière de vie. »Nous avons pris le temps de faire mémoire du passé, de rendre grâces pour l’œuvre de Dieu, et de nous réjouir, en fêtant les 30 ans de la Communauté en 2011, puis les 30 ans de sa mission au service des paroisses en 2013. Auparavant, nous avions pris du temps aussi pour opérer ensemble une relecture de notre passé, le purifier de ses scories,  pour bien distinguer les différents états de vie et mieux actualiser les intuitions fondatrices. C’est ainsi que nous avons précisé cette forme particulière de vie  consacrée en mixité qui est la nôtre aujourd’hui, une vie consacrée  très proche de la vie canoniale, au sein d’une communauté dont sont membres à part entière ceux que, dans notre jargon, nous appelons les communautaires en vie séculière, laïcs mariés pour la plupart, sans lesquels nous ne serions pas vraiment nous-mêmes. Autrement dit, ils nous aident à devenir plus et mieux des frères et des sœurs consacrés. C’est ainsi qu’ensemble nous apprenons à devenir, selon l’expression du Pape : «  des femmes et des hommes de communion »  offrant ensemble selon le souhait qu’il exprime dans sa lettre : « un modèle concret de communauté qui permette de vivre des relations fraternelles. ». C’est tous ensemble encore, tous appelés à la sainteté, que nous avons choisi St Augustin comme Saint Patron et comme Maître spirituel pour nous aider à devenir « un seul cœur et une seule âme tournés vers Dieu ».

 

 Jubile         2-« Vivre le présent avec passion » : Pour le Pape François, « La mémoire reconnaissante du passé doit nous pousser, dans une écoute attentive de ce que l’Esprit dit à l’Eglise aujourd’hui, à mettre en œuvre d’une manière toujours plus profonde les aspects constitutifs de notre vie consacrée. »Il y a alors deux questions à se poser, dit le Pape :-Nous laissons-nous interpeller par l’Evangile,  et comment ? Jésus est-il vraiment notre premier et unique Amour ? Thérèse-Emmanuel et Anne-Claire, vous vous êtes engagées définitivement en 1990. Le monde a énormément changé en 25 ans, et les changements se poursuivent à une allure déconcertante. Raison de plus pour revenir à l’essentiel : Jésus, premier et unique Amour, et l’Evangile. Nécessité de se tenir à l’écoute de l’Esprit. La réflexion communautaire sur la mission que nous avons commencée cet été,  réflexion qui aura posé plus de questions, et c’est tant mieux, que trouvé des solutions, n’aura de sens que si elle se concrétise par la vraie conversion que nous sommes appelés à vivre sur nos terrains paroissiaux et nos autres champs de mission.

          3-« Embrasser l’avenir avec Espérance ». Le verbe « embrasser » fait toujours surgir  en moi deux images : celle de St François embrassant un lépreux, et ce geste a fait définitivement basculer sa vie du côté du Christ. L’autre image représente Saint Bernard embrassant Jésus crucifié. Ces deux images, au fond, n’en font qu’une. Le lépreux, c’est Jésus crucifié. D’une manière ou d’une autre, dans le mystère de la Croix Glorieuse, nous sommes tous appelés, a fortiori les consacrés, à embrasser Jésus crucifié, c’est-à-dire les lépreux souffrant de toutes les lèpres d’aujourd’hui,  lèpres du corps, lèpres de l’âme et de l’esprit, lèpres de l’intelligence et du cœur . Notre communauté est née sous le pontificat de St Jean-Paul II, quelques mois après qu’il ait donné à l’Eglise sa lettre encyclique : « Dieu riche en Miséricorde »dans laquelle il a ces mots sublimes : « La Croix est le toucher de l’Amour éternel sur les blessures les plus douloureuses de l’existence humaine. »Nous sommes dans les temps de la Miséricorde. Dans trois mois, nous entrerons dans une année de la Miséricorde. Embrasser Jésus crucifié, c’est embrasser l’Espérance, c’est embrasser le présent de la souffrance et la Résurrection à venir. La Miséricorde, la vraie Miséricorde, celle qui a poussé François d’Assise à embrasser le lépreux, peut nous pousser aujourd’hui à embrasser Jésus crucifié. De la Croix , jaillit la Vie. De la Croix, jaillit la Miséricorde. A la messe d’enterrement de J.P.II, le Cardinal Ratzinger  a eu cette phrase : « Jean-Paul II a interprété pour nous le mystère  pascal comme mystère de la  Divine Miséricorde. » Pour nous , consacrés au mystère de la Croix Glorieuse qui récapitule le mystère pascal, cette phrase est à laisser résonner dans nos cœurs. Puissions-nous, en nous laissant toucher par le crucifié, ouvrir nos cœurs à la Miséricorde  pour rejoindre, là où nous sommes envoyés, ces lépreux d’aujourd’hui  dont les blessures et les plaies réclament l’attention et les soins de l’Amour éternel. Amen !