Billet de SAM n°4 : le livre d’Isaïe

Un seul livre, plusieurs auteurs

Il nous faut revenir sur le Livre d’Isaïe pour le découvrir sur un plan historique.

Les spécialistes se sont accordés pour admettre que l’œuvre du Prophète Isaïe dont nous avons parlé  dans le billet n°2 ne concerne en fait que les chapitres 1 à 23 et 28 à 33.

La seconde partie du Livre d’Isaïe est en effet très différente de l’œuvre du prophète du VIIIè siècle. Le cadre historique lui est postérieur d’environ 2 siècles: Jérusalem est prise, le peuple est captif en Babylonie…Les oracles ne s’expriment plus sur le même ton. Le style reste très beau, très poétique, mais il est différent, plus oratoire, plus ample. Le monothéisme y est exposé comme une doctrine. Et surtout l’universalisme religieux s’y exprime clairement pour la 1è fois.

On découvre donc que les chapitres 40 à 55 sont l’œuvre d’un auteur de la fin de l’Exil, un disciple d’Isaïe et grand prophète comme lui. C’est le Second Isaïe; et il nous offre le “Livre de la Consolation d’Israël”.

Les “chants du serviteur souffrant”

C’est dans le second Isaïe que sont enclavés les “Chants du Serviteur souffrant”. On les trouvera aux chapitres 42,1-7; 49,1-9; 50,4-9; 52,1353,12. Ces chants dépeignent le parfait disciple du Seigneur qui prêche la vraie foi, souffre pour expier les fautes de son peuple et est glorifié par Dieu. L’Église y reconnaît l’annonce mystérieuse de la vie et de la mort rédemptrice de Jésus, le vrai serviteur de Dieu.

dessin Aliati

Méditons quelques versets: Is 49, 6   Je ferai de toi la Lumière des Nations pour que mon salut atteigne les extrémités de la terre.

50, 6-7   J’ai tendu le dos à ceux qui me frappaient. Les joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats… J’ai rendu mon visage dur comme pierre; J’ai su que je ne serai pas confondu.

52, 13-14   Voici que mon Serviteur s’élèvera… alors que les multitudes avaient été épouvantées à sa vue, tant son aspect était défiguré; -il n’avait plus d’apparence humaine-

53, 2-3   Sans beauté, ni éclat… objet de mépris et rebut de l’humanité, homme de douleurs…il était méprisé et déconsidéré.

4-5 et 7   Or c’était nos souffrances qu’il portait… Il a été transpercé à cause de nos péchés… et c’est grâce à ses plaies que nous sommes guéris.  Comme un agneau conduit à la boucherie,/ il n’ouvrait pas la bouche…

11   Par ses souffrances, mon Serviteur justifiera les multitudes…”

Le vrai serviteur

Il nous est bon de lire ces textes en ce temps de Carême et de faire le lien avec la Passion de Jésus qu’on peut lire dans les Évangiles. Ce n’est qu’avec Jésus que nous comprendrons que c’est par son seul amour que nous sommes sauvés, car “il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime” Jn 15,13. Comme nous le chantons dans un hymne durant la semaine sainte :   c’est l’amour qui le tient, ce ne sont pas les clous , l’agneau s’est laissé lié. Apprenons avec Jésus à devenir serviteur.

” Les mains du Christ se sont ouvertes sur la croix afin que les nôtres soient désormais tendues pour faire le bien” st Augustin

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